Quantcast
Channel: Aux petits mots
Viewing all articles
Browse latest Browse all 59

Comment ajouter de l’humour à une histoire pour enfants?

0
0

L’humour détend, inspire, favorise la complicité entre le lecteur et le narrateur et fait d’une lecture une expérience inoubliable.

Quel que soit le lectorat, l’ingrédient de base d’une situation humoristique est la surprise. Mais les manières de construire une situation humoristique dépendent du niveau de développement du langage de l’enfant, et donc de son âge.

Pour les tout-petits: la stimulation des sens

À partir de quatre mois, bébé découvre le rire. Les chatouilles, les pétouilles, les grimaces, les bruits, tous les moyens sont bons pour stimuler ses sens et le faire rire aux éclats.

C’est pourquoi les histoires  pour les tout-petits sont remplies de sons rigolos, comme des onomatopées (pouet, piou-piou, chut, ouille, miaou, prout, hi-hi, toc-toc…) qui surprennent et font varier le rythme de la lecture, ainsi que de mots amusants (tartelette, pompon, grognon, tutu, tartine, bécot, picot, cochon, champignon, ouistiti, trompette, chaussette).

« Il était un petit homme
Pirouette, cacahuète
Il était un petit homme

Qui avait une drôle de maison
Qui avait une drôle de maison
»

Pirouette Cacahuète, Gabrielle Grandière

Les livres pour bébés font aussi appel aux sens en proposant des miroirs, des textures ou encore des petits dispositifs sonores. Leur but? Rehausser l’attrait des mots à travers le toucher, la vue et l’ouïe. Et par la même occasion, éveiller l’intérêt de bébé pour le langage, la communication et les objets qui l’entourent!

Les situations absurdes

À partir de 2 ans, avec le développement du langage, les enfants maîtrisent de plus en plus l’usage des objets et les gestes de la vie quotidienne. Alors un imprévu ou une maladresse qui bouscule la routine provoque rapidement une situation comique. Un cochon qui fait miaou? Faire dodo sur le petit pot? Voyager dans une baignoire? Fous rires garantis!

Chambouler la logique des choses en associant des concepts étrangers l’un à l’autre fonctionne aussi pour les plus grands : qui n’a pas pouffé de rire devant la baguette magique que Hagrid cache dans un joli parasol? Qui n’a pas été charmé par la mystérieuse Mademoiselle Charlotte qui parle à son caillou? Rien de tel qu’une touche de farfelu pour surprendre et ravir les lecteurs de tous âges.

Les exagérations

À partir de cinq ans, les enfants commencent aussi à apprécier les exagérations amusantes : être vert de peur, flotter sur un nuage, ronfler comme un camion.

Un peu comme la caricature, l’exagération est un détail (ou un état d’esprit) qu’on regarde à travers une loupe grossissante afin de la dramatiser, de l’amplifier de manière rigolote.

« Ça fait trois milliards de fois qu’elle se cache à la même place. »

Marie la chipie, Dominique Demers

On retrouve souvent l’exagération dans les comparaisons, où on associe deux éléments totalement différents, à un détail près :

« Il avait les cheveux dans tous les sens, comme un plumeau après le ménage. »

Kamo L’agence Babel, Daniel Pennac

Et c’est ce détail, cette similarité inattendue entre deux choses complètement étrangères, qui prend le lecteur au dépourvu, et crée l’effet comique.

Les « mots d’enfant »

L’enfance a un vocabulaire et des situations de vie qui lui sont propres. Ce sont des mots qui sonneraient faux dans un contexte adulte et des gestes qui seraient souvent inacceptables dans le monde des grands. Mais dans les récits pour la jeunesse, ces « mots d’enfant » bâtissent une ambiance authentique et donnent souvent lieu à des images cocasses.

Parfois il s’agit de mots ou expressions empruntés au langage familier, et souvent utilisés pour traduire des émotions fortes :

« Les filles, c’est nouille. Très nouille. »

Valentine Picotée, Dominique Demers

« Fesses de maringouin ! Tête de têtard ! Macaroni était sérieuse. Dix jours sans écran ! C’est totalement impossible. »

Série Alexis – Macaroni en folie, Dominique Demers

D’autres fois, on retrouve des mots inventés :

« elle s’est jetée sur Vu comme s’il venait de tomber en bas d’un vingt-douzième étage »

La nouvelle maîtresse, Dominique Demers

« un portrait de lady Machin Chose de Truc-muche dans sa nouvelle robe de bal »

Planète Larklight, Philip Reeve

Ou encore des superlatifs un peu exagérés :

« Charles-Antoine avait des yeux verts encore plus magnifiques que ceux de ma chatte Poutine. »

La nouvelle maîtresse, Dominique Demers

Il y aussi ces situations propres à l’enfance, où un fait insignifiant pour un adulte a une immense valeur pour un enfant :

« Je voudrais le serrer dans mes bras, lui donner tout ce qui me reste d’argent de poche pour qu’il s’achète des boules de gomme géantes. N’importe quoi pour qu’il arrête de pleurer. »

Valentine Picotée, Dominique Demers

Et enfin, il y a certaines situations cocasses qui font parfois partie du quotidien des enfants, mais qui seraient totalement inaceptables dans le monde des grands :

« Son plus grand plaisir était de jouer seul avec son daemon Asta, dans leur canoë, sur lequel il avait peint le nom : La Belle Sauvage. Un petit malin de sa connaissance trouvait amusant de griffonner un S par-dessus le V et Malcolm l’avait patiemment repeint trois fois, avant de perdre son calme et de balancer cet imbécile dans l’eau, après quoi les deux garçons avaient fait la paix. »

La Belle Sauvage, Philip Pullman

Le renversement de situation

Cette technique consiste à mettre le lecteur sur une fausse piste, puis à le prendre au dépourvu avec une conclusion complètement inattendue et humoristique :

« – Quelques cadeaux de la part de tes amis et admirateurs, dit Dumbledore. Ce qui s’est passé dans les sous-sol du château entre Quirell et toi est un secret absolu, par conséquent, toute l’école est au courant. »

« Lors du banquet de début d’année, Harry avait senti que le professeur Rogue ne l’aimait pas beaucoup. A la fin du premier cours de potions, il se rendit compte qu’il s’était trompé : en réalité, Rogue le haïssait. »

Harry Potter à l’école des sorciers, J. K. Rowling

L’ironie

Au cours de l’école primaire, l’enfant devient de plus en plus sensible aux subtilités du langage, telles que les devinettes et les jeux de mots. Peu à peu, il comprend que les mots peuvent avoir plusieurs sens. Et que parfois on dit une chose pour faire entendre son contraire : vers 10-12 ans, l’enfant découvre… l’ironie.

« La maîtresse a installé sa roche sur un coin du bureau et, pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression que la chose était vivante, que la roche se mettrait à japper, à grogner ou à miauler. Au fond de la classe, Mario Tremblay a lancé, avec sa délicatesse habituelle :
– Notre nouvelle maîtresse est folle ! »

La nouvelle maîtresse, Dominique Demers

« – Donc, après cette scandaleuse tricherie…
– Jordan !
– Je voulais dire après cette faute révoltante…
– Jordan, je vous préviens…
– D’accord, d’accord. Flint a failli tuer l’attrapeur de Gryffondor, ce qui aurait pu arriver à n’importe qui. »

Harry Potter à l’école des sorciers, J. K. Rowling

« – Par tous les diables, Rose, que fais-tu ici? J’espère que tu as une bonne excuse!
Bien sûr que non! J’ai eu une envie subite de prendre l’air et je me suis dit : « Tiens, si j’allais dans le lieu de débauche favori de mon employeur, histoire de geler sur place tandis qu’il finit ses petites affaires? »

La bête de Porte-Vent, Karine Martins

En conclusion, pour amuser le lecteur, on fait appel au farfelu, aux exagérations, aux renversements de situation, et parfois à l’ironie. On utilise aussi le décalage entre le monde des enfants et celui des grands pour créer des situations cocasses. Et on adapte toujours l’humour au niveau de développement de l’enfant et aux préoccupations propres à son âge.

Vous avez des citations qui vous ont donné le fou rire? Des astuces à partager? Elles sont toujours les bienvenues dans les commentaires! Quant à moi, je vous retrouve sous peu avec un prochain billet sur les rôles de l’humour et à quels moments du récit l’utiliser.

Enfin, si l’evolution de l’humour chez l’enfant vous intéresse, voici les deux articles qui m’ont servi à rédiger ce billet :

Cet article Comment ajouter de l’humour à une histoire pour enfants? est apparu en premier sur Aux petits mots.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 59

Latest Images





Latest Images